Rse & bien commun

Cette société inclusive part du projet de vie de chacun

De Revue Dirigeants chrétiens

Le vendredi 1 septembre 2017

En Meurthe-et-Moselle, des travailleurs handicapés accompagnés par l’AEIM Adapei 54 occupent des postes dans les cuisines gérées par Sodexo. Fondé sur une vraie rencontre et le partage d’une vision commune, ce partenariat permet aux personnes inadaptées mentales de s’épanouir dans le travail et d’accéder à plus de dignité. Mathieu Ginot, directeur régional Lorraine de Sodexo et Alexandre Horrach, directeur général de l’AEIM Adapei 54 témoignent de leur partenariat, modèle de société inclusive.

Société inclusive : une entreprise et deux associations facilitent le travail de personnes handicapées

Dans les cuisines du Village Michelet (54), un foyer pour personnes déficientes, une brigade d’une dizaine de cuisiniers est à l’œuvre pour servir cent cinquante repas par jour. Cette équipe ne ressemble à aucune autre : il y a quatre salariés en entreprise adaptée, six travailleurs handicapés de l’Esat (établissement ou service d’aide par le travail) de l’association AEIM Adapei 54 (aide aux adultes et enfants inadaptés mentaux) et trois salariés de la Sodexo, société qui assure la prestation. Depuis dix-huit mois, ils s’occupent de la légumerie, des préparations chaudes, des textures modifiées, du dressage, du service, de la plonge et du nettoyage avec une équipe d’encadrement. C'est grâce au partenariat de trois acteurs que ce modèle de société inclusive a vu le jour.

Matthieu Ginot : "Nous partons du projet de vie de chacun. L’apprentissage est peut-être plus long mais le résultat est bluffant."

Ce modèle de société inclusive repose sur le projet de vie de chacun

«On est sur une source de motivation dans nos équipes, que les personnes aient un statut de salarié ou de travailleur. Il y a une grande fierté de ces personnes à ne pas être cataloguées », témoigne Mathieu Ginot, membre EDC de l’équipe de Metz et pilote sur ce projet de société inclusive. « Nous partons du projet de vie de chacun. L’apprentissage est peut-être plus long mais le résultat est bluffant. Les premiers jours, on est à côté d’eux pour leur apprendre les gestes, à servir l’assiette avec la bonne quantité, à manipuler les outils..."

Des collaborateurs sensibles au handicap ont facilité la coopération

"Les trois salariés Sodexo ont une sensibilité personnelle pour le handicap, ce qui facilite le travail. Les travailleurs sont fiers de porter les habits de travail avec notre marque, ils ont l’impression d’intégrer une entreprise à part entière, on est une seule et même équipe.» Avec l’Esat, c’est aussi une main d’œuvre qui reste locale, ce qui est important pour une activité de restauration peu délocalisable.

Alexandre HORRACH

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L’unité d’Esat : acteur à part entière de la société inclusive

«L’unité d’Esat est véritablement intégrée dans l’entreprise, avec une véritable articulation des compétences, c’est ce qui en fait une société inclusive : un milieu où les personnes s’expriment naturellement, précise Alexandre Horrach. Avec Sodexo, nous réfléchissons au meilleur chemin possible pour les handicapés qui émettent le désir de travailler dans le monde de la restauration. Sodexo est un acteur indéniable à cet endroit pour ces métiers qui attirent beaucoup par un certain effet de mode.» En Lorraine, l’association accompagne 2 400 personnes handicapées de tous les âges, gère plus d’une trentaine d’établissement et emploie près de 1 400 personnes, c’est l’une des plus importantes de France. Parmi ceux qu’elle accompagne, 1 156 sont travailleurs handicapés.

A travers ce projet de société inclusive, la personne est prise en compte dans ses compétences

Plus de 18% des personnes en situation de handicap sont au chômage et plus de la moitié d’entre eux sont des chômeurs de longue durée. (Les personnes en situation de handicap sont deux fois plus au chômage que la moyenne). (Source Ministère des Affaires sociales et de la Santé)

"Une chose est remarquable : prendre en compte la personne dans toutes ses compétences sans la juger." Le directeur général de l’AEIM Adapei 54 estime que Mathieu Ginot témoigne de son engagement chrétien dans ce projet de société inclusive : « Une chose est remarquable : prendre en compte la personne dans toutes ses compétences sans la juger, c’est bien le message. Avec une profonde pensée humaniste, une bienveillance constante, la capacité à croire qu’il y aura un meilleur à venir... et persuadé du potentiel de chacun de faire société. Mathieu Ginot a une capacité aiguisée pour articuler les compétences de chacun de façon souple.»

Pour l’intéressé, la dignité dans le travail «se trouve dans l’attention que nous pouvons apporter à des personnes et quel sens nous donnons à cette attention. Respecter la personne et la faire avancer. »

Le projet d’une cité scolaire à Neuves-Maisons pour accueillir des élèves en situation de handicap

Au village Michelet, c’est un écosystème de compétences qui a été créé où chacun peut exprimer son potentiel et faire valoir ses propres compétences. Il est le laboratoire d’essai pour d’autres projets en cours dont une future cuisine centrale à Neuves-Maisons. « Nous menons un projet de cité scolaire inclusive à Neuves-Maisons. Cela sera la première de France avec un collège et un lycée qui accueilleront des élèves en situation de handicap.»

25% des personnes handicapées ont un niveau d’études supérieur ou égal au bac (contre 44%
pour l’ensemble des publics), un chiffre en progression de 2 points en trois ans.(Source ministère des Affaires sociales et de la Santé)

Au sein de ce campus, l’AEIM gérera la cuisine centrale, accompagnée par une entreprise experte. Elle permettra de fournir du travail à plusieurs salariés en situation de handicap, d’être un centre de formation pour ceux qui désirent s’orienter vers les métiers de la restauration. «Avec une idée d’économie circulaire, c’est un vrai projet d’entreprise. Validé par l’ensemble des acteurs du précédent gouvernement, poussé par le conseil départemental, nous attendons la réponse des décideurs publics actuels. L’éducation nationale acceptera-t-elle de changer son mode de pensée ? » s’interroge Alexandre Horrach, directeur de l’AEIM Adapei 54.

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